C’est certainement le NAS le plus attendu de cette fin d’année 2022. Le Synology DS923+ est un boîtier 4 baies animé par un processeur AMD Ryzen R1600 et 4 Go de mémoire DDR4 ECC. Il dispose de 2 emplacements pour des SSD NVME M.2 pouvant servir de cache ou de volume de stockage. N’oublions pas la connectique et la possibilité de lui ajouter une carte réseau 10 Gb/s. Mais derrière sa fiche technique, que vaut ce nouveau NAS ? Est-ce la nouvelle référence des NAS 4 baies ? Est-il vraiment à la hauteur ? Rentrons immédiatement dans le vif du sujet !
Test Synology DS923+
Ce nouveau NAS était très attendu. En effet, il s’agit du remplaçant des célèbres DS918+ et DS920+. Synology nous avait rassurés avec le DS1522+ avec qui il partage la même architecture. Le DS923+ devrait donc offrir des performances similaires, voire meilleures et nous verrons un peu plus loin pourquoi. Bien entendu, nous avons la nouvelle carte réseau 10 Gb/s (E10G22-T1-Mini) pour notre test.
Contenu de la boîte
Nous commençons par le contenu de la boîte de ce nouveau NAS:
- Le Synology DS923+ en lui-même ;
- 2 câbles réseau RJ45 Cat.5e ;
- Les vis de fixation pour disques durs 2,5 pouces ;
- L’alimentation externe et son câble ;
- Un jeu de clé pour verrouiller les racks ;
- Un guide de démarrage rapide.
Il y a quelques mois, nous avions mis en exergue le nouveau système de fixation à l’arrière du NAS pour l’alimentation afin d’éviter l’arrachage par mégarde. L’option n’est plus présente avec ce modèle que nous avons entre les mains.
Construction du Synology DS923+ et aspect extérieur
On ne va pas se mentir, Synology n’innove pas beaucoup avec ses NAS depuis plusieurs années. On ne change pas une équipe qui gagne ? Oui et non… Les composants sont plus importants que l’aspect extérieur, mais il faut avouer qu’il se ressemble tous. Le NAS est en plastique dur noir et l’arrière est en aluminium. Ses dimensions sont les suivantes 166 x 199 x 223 mm 166 x 230 x 223 mm (H x L x P). Il est plutôt léger, la balance affiche 2,24 kg à vide.
Le DS923+ permet d’insérer jusqu’à 4 disques 2,5 et 3,5 pouces grâce à ses emplacements en façade. Si cela ne vous suffit pas, il est possible de lui ajouter une unité d’expansion DX517 avec 5 emplacements supplémentaires. Le NAS dispose également de 2 emplacements pour recevoir des SSD NVMe M.2 pouvant servir de cache SSD, accessible par le dessous (voir photo ci-dessus). Le Synology DS923+ est le premier NAS à permettre la création d’un volume de stockage avec des SSD NVMe (lire l’article).
Un cache SSD améliore légèrement les transferts et augmente les IOPS (Input/output operations per second ou en français opérations d’entrée-sortie par seconde). Le système est globalement plus réactif. Un volume SSD NVMe apporte de la vitesse dans tous les transferts, mais nous y reviendrons un peu plus loin.
Si on regarde à l’arrière du DS923+, ce qui saute aux yeux, c’est la présente de 2 gros ventilateurs de 12 cm. Ils sont relativement silencieux et se font peu entendre.
Connectique
Pour la connectique, le nouveau NAS offre 2 ports USB 3.0 (dont un en façade), 1 port eSATA et 2 ports réseau 1 Gb/s. Enfin, le NAS possède un port PCIe Gen3 x2 pour ajouter la carte réseau 10 Gb/s (E10G22-T1-Mini). Cette dernière est en option et coûte 180€ TTC.
À l’arrière du NAS, deux vis permettent de retirer la petite trappe. On insère la carte réseau et on remet les vis. C’est fini !
Intérieur du Synology DS923+
Le Synology DS923+ est construit autour d’un processeur AMD Ryzen (R1600) Dual Core cadencé à 2,6 GHz (mode turbo pouvant atteindre 3,1 GHz). Ce processeur est connu et relativement efficace. Selon le site spécialiste PassMark, il obtient un score 3246 points. Pour rappel, le DS920+ avait 2981 points. Cela veut dire que le NAS n’aura aucune difficulté à exécuter des tâches complexes… Mais, oui il y a un mais, ce processeur ne possède pas d’iGPU. Conséquence, si vous souhaitez faire du transcodage, il montrera rapidement des limites.
Le NAS est livré avec 4 Go de RAM DDR4 ECC, extensible jusqu’à 32 Go. Les 4Go en standard seront certainement un peu justes. Des modules compatibles sont disponibles sous les références D4ES02-4G pour 4Go (99,95€), D4ES02-8G pour 8Go(204,80€) et D4ES01-16G pour 16Go (429,95€). Le passage à 32 Go nécessitera de prendre 2* 16 Go et le prix frôlera les 860€ supplémentaires avec la mémoire Synology. Il faudra faire donc très attention au choix, ou se risquer à prendre de la mémoire alternative, voire se passer de l’ECC. Pour rappel, la mémoire ECC (Error-Correcting Code ou code correcteur d’erreurs) est particulière. Comme son nom l’indique, elle est capable de détecter et de corriger des erreurs. Si la donnée n’est pas correctement écrite, alors la puce supplémentaire sur la barrette va corriger l’erreur dans la plupart des cas. L’ECC est plus que recommandé pour certains systèmes, mais pour les NAS Synology et les systèmes de fichiers proposé, c’est peut-être du luxe. Il est tout à fait possible de la remplacer par de la mémoire non ECC, mais c’est un autre sujet. Par exemple, nous avons testé avec succès la Crucial 4Go DDR4 CT4G4SFS8266 à 19,37€ et la Crucial 8 Go DDR4 CT8G4SFS8266 à 43,57€… Attention, on ne mélange pas de la mémoire ECC et non ECC. Aussi ce changement de mémoire est déconseillé par Synology.
Pour accéder à la mémoire, il suffit de retirer les derniers chariots de disques (les plus à droite). Il n’est pas utile d’ouvrir plus le NAS.
Installation des disques durs et SSD
Pas de nouveauté de ce côté, l’installation des disques est toujours aussi facile. Si vous utilisez des disques durs 3,5 pouces, vous n’avez besoin d’aucun outil. Il faut compter une dizaine de secondes pour installer un disque. Pour les SSD 2,5 pouces, les chariots ne nécessitent aucun adaptateur, mais il faudra jouer du tournevis pour les fixer.
SSD NVMe
À date, seuls les SSD NVMe de Synology sont autorisés à être utilisé pour créer un volume. Nous avons essayé, en vain, avec des SSD WD Red SN700. Malheureusement, il n’est possible de les utiliser que pour du cache SSD. Voici le message que nous avons eu.
Assez décevant, il faut l’avouer…
DSM et les applications
Tous les NAS Synology fonctionnent avec le système DSM (DiskStation Manager). Il s’agit d’un ensemble reposant sur un système d’exploitation optimisé pour le stockage en réseau, d’applications pour protéger les données et d’une interface d’administration Web. Le fabricant fournit un ensemble de logiciels / applications pour faciliter l’accès et la sauvegarde de vos données. DSM est un atout fort pour Synology. Le système est facile à prendre en main, complet et toujours devant la concurrence.
Au moment où nous écrivons ses lignes, la dernière version est DSM 7.1.1. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Synology DSM 7.0 est disponible. Enfin, comme pour nos appareils connectés, un Centre de paquets permet d’installer de nouvelles applications sur le NAS. Elles sont quasiment toutes gratuites. On y trouve antivirus, outils de synchronisation et de sauvegarde des données, une suite bureautique, une station de téléchargement, un gestionnaire de machine virtuelle, gestionnaires multimédias, vidéosurveillance, etc. Pour terminer, n’oublions pas Docker qui permet d’ajouter encore plus de fonctionnalités.
Performances du Synology DS923+
Tout d’abord, nous allons tester les performances dans les transferts de données entre le NAS et des ordinateurs (Windows 10 et macOS 13). Puis, nous nous attacherons aux performances liées au processeur et à ses capacités.
Vitesses dans les transferts
Nous commençons par rappeler notre protocole de tests utilisés depuis plus de 10 ans. Il nous permet d’obtenir des données fiables et comparables avec les autres NAS testés ici. Nous utilisons quatre applications de mesure différentes (2 sous macOS et 2 autres sous Windows). Puis, des transferts de fichiers de tailles différentes sont réalisés dans les 2 sens (NAS -> Ordinateur puis Ordinateur <- NAS) :
- Petite taille : 100 fichiers de 500 Ko à 12 Mo (MP3, Photo, document Office) ;
- Taille moyenne : 30 fichiers de 12 à 350 Mo (DivX, image RAW, Zip) ;
- Volumineux : 10 fichiers avec une taille comprise entre 4 et 10 Go (MKV, ISO).
Après ces tests, nous calculons une moyenne des transferts représentée sous forme de graphiques (exprimée Mega-Octets par seconde). Plus le nombre est important et plus le NAS est rapide. Le DS923+ fonctionne sous DSM 7.1.1 avec ses 4 Go de RAM en standard. Une seule prise RJ45 a été utilisée pour ce test, celle de la carte 10 Gbit/s. Pour commencer, nous allons utiliser uniquement 3 disques durs Seagate Ironwolf Pro 12 To.
RAID 5 HDD
Dès les premiers tests, le Synology DS923+ affiche d’excellentes performances avec nos disques durs. Par contre, les performances sur les gros fichiers ne sont pas au rendez-vous, notamment en lecture. Quand on regarde les performances du DS1522+ (même architecture et carte réseau 10 Gb/s), on n’est pas au même niveau. Nous avons décidé d’insérer une barrette mémoire de 8 Go dans le DS923+ et les résultats sont meilleurs.
Nous sommes repassés sur la barrette mémoire 4 Go pour les tests ci-dessous.
RAID 5 HDD + Crypt
Avec le chiffrement des données, les performances en écriture chutent (ce qui est normal) et se maintiennent en lecture.
RAID 0 SSD
Nous avons pris 2 SSD IronWolf pour nos derniers tests. Ils ont été configurés en RAID 0 avec le format de fichier ext4. Les débits sont excellents.
Test Synology DS923+ avec 2 SSD NVMe SNV3410
Performances globales du DS923+
Au-delà des fonctions de base, le Synology DS923+ peut en faire plus grâce à son processeur AMD Ryzen. En effet, le NAS pourra faire fonctionner des machines virtuelles Linux ou Windows (à condition d’avoir à minima 8Go de RAM). Avec Docker, c’est plus ou moins la même chose, même si ce dernier est moins gourmand en ressource. Il n’y aura aucun problème avec faire fonctionner plusieurs conteneurs simultanément.
Pour le multimédia, le DS923+ n’aura aucune difficulté à diffuser vos fichiers vidéo y compris en Ultra HD/4K, de la musique ou encore des photos à travers votre réseau. Pour la partie vidéo et plus précisément le transcodage, c’est plus compliqué. Pour rappel, le transcodage est une technique de réencodage d’une vidéo afin de rendre cette dernière compatible avec votre téléphone, tablette, console, TV… Chaque périphérique a ses limites liées au système d’exploitation et ses capacités matérielles. Un smartphone récent supportera plusieurs formats, alors qu’une tablette de 5 ans aura beaucoup plus de difficultés. Lors du lancement d’une vidéo incompatible sur notre ancienne tablette, le serveur (Plex, Jellyfin ou encore Video Station) va transcoder la vidéo pour la rendre compatible avec la tablette. Cette action de transcodage signifie que l’application va dans un premier temps décoder la vidéo, pour ensuite la réencoder dans un format compatible. Au regard de la puissance du R1600, le NAS n’a aucun souci à faire du transcodage d’une vidéo 720p ou 1080p. Cependant, le processeur n’a pas d’iGPU (carte graphique intégrée) pour l’accélération matérielle. On évitera de lui faire transcoder un film Ultra HD/4K ou de diffuser simultanément plusieurs vidéos vers plusieurs périphériques.
Si cette fonction de transcodage matériel (iGPU) est essentielle pour vous, alors il vaudra mieux se tourner vers un autre modèle comme le DS920+ par exemple. Sinon, vous pouvez aussi utiliser un lecteur capable de lire nativement de nombreux formats vidéo : VLC, Kodi, Infuse…
Consommation électrique et nuisance sonore
Le DS923+ est très silencieux, il faut l’avouer… même lorsqu’il est très sollicité. Les 2 ventilateurs sont plutôt discrets. Par contre, les disques durs Ironwolf le sont moins. Pour la consommation électrique, nous avons fait nos mesures avec 3 disques durs et 2 SSD NVMe. En utilisation normale, le NAS affiche 42W. Si on le sollicite, la consommation peut atteindre les 55W.